Archive : L'ancienne caserne de la place Dailly

Une archive à la loupe

Vous vous demandez peut-être ce que l’imposant bâtiment situé place Dailly a bien pu être par le passé ? Voici donc son histoire…

Un terrain militaire

En 1860, le Ministère de l’Intérieur achète un terrain sur la commune de Schaerbeek, au lieu-dit Weyenveld (ou « waaienveld », que l’on pourrait traduire par « prairie venteuse »). Il y fait construire le premier Tir national à front de la chaussée de Louvain.

En 1888, le Tir national déménage dans ses nouvelles installations, près du futur boulevard Reyers, et laisse sa place à la construction d’une caserne modèle destinée à accueillir le 1er régiment des carabiniers.

La construction de la caserne

Les travaux débutent en 1890, selon les plans de l’architecte Otto Geerling (à qui l’on doit déjà la deuxième caserne de cavalerie, située plaine des manœuvres à Ixelles). Les bâtiments occupent tout l’espace de l’ancien terrain du Tir national et sont agencés en rectangle autour d’une cour. L’ensemble est de style néo-renaissance flamande, caractérisé par l’emploi de pierres et de briques rouges.

 
 

La caserne est inaugurée le 10 septembre 1894 et est baptisée « Caserne Prince Baudouin », en hommage au neveu et héritier du roi Léopold II.

 
 

Les carabiniers

Le régiment des carabiniers est officiellement créé en 1850. Il est la continuité du régiment des chasseurs, qui a vu le jour lors de la révolution de 1830. L’uniforme des carabiniers est assez reconnaissable avec sa veste verte, ses ornements jaunes et son chapeau haut - dit « bonnet de police » - recouvert de toile cirée et orné d’un plumet pour la version d’apparat.  Leur insigne est un cor de chasse. Leur arme est une carabine de type Terssen à baïonnette.

En 1898, une compagnie de carabiniers-cyclistes est mise en place avant de devenir un régiment à part entière. Le 21 juillet 1930, à l’occasion des fêtes du centenaire du pays et du régiment, le roi Albert Ier ordonne la dénomination officielle de régiment de carabiniers Prince Baudouin.

 
 

La vie de caserne

D’abord installé au « Petit château » à Bruxelles, le régiment des carabiniers, composé de près de 2000 hommes, prend ses quartiers dans la caserne de Schaerbeek en 1894, deux semaines après l’inauguration du bâtiment. Les militaires vont dès lors faire partie intégrante de la vie schaerbeekoise, à la plus grande joie des jeunes filles à marier. On les voit s’exercer autour de la caserne ou bien sur la grande plaine, devant le nouveau Tir national (qui deviendra d’ailleurs la place des Carabiniers).

 
 

La vie militaire peut être jugée parfois rude, mais les carabiniers disposent néanmoins d’un certain confort dans leur caserne si l’on en croit les photographies de l’époque : salon de coiffure, cantine spacieuse, salle de jeux et gymnase.

Pour l’anecdote, Hergé vécut un an de service dans cette caserne à partir d’août 1926.

 
 

 

 
 

 

 
 

 

 
 

 

 
 

Guerres mondiales

Le régiment est mobilisé lors des deux guerres mondiales. Il quitte une première fois la caserne à la fin de 1914. Le 20 août, le parvis du bâtiment est le lieu de la rencontre entre le bourgmestre de Bruxelles, Adolphe Max et le général von Jarotsky, le premier tentant d’empêcher l’avancée des troupes allemandes sur le territoire bruxellois. Les négociations restent vaines et bientôt toute la capitale est occupée. Les Allemands prennent possession de la caserne et la transforment en hôpital militaire.

En septembre 1939, le régiment est à nouveau mobilisé et quitte une seconde fois ses quartiers schaerbeekois pour ne plus jamais y revenir. Au lendemain de la guerre, il sera cantonné à divers endroit, dont Knokke, Maaseik et Siegen.

En 1992, le régiment des carabiniers est fusionné avec le régiment des grenadiers sous le nom régiment de carabiniers Prince Baudouin – grenadiers.

Réhabilitation du bâtiment

Déserté par les militaires, le bâtiment abrite jusqu’en 1976 des services administratifs du Ministère de la Défense. Les lieux sont ensuite cédés à la tutelle sur l’agglomération bruxelloise.

Il faut attendre vingt ans pour qu’un projet de réhabilitation du lieu voit le jour. En 1996, quasi tous les bâtiments annexes sont détruits. L’édifice principal est conservé et rénové pour accueillir des rez-de-chaussée commerciaux et des logements. À l’arrière, des immeubles à appartements, un supermarché et un petit parc sortent de terre. Le Théâtre de la Balsamine, qui occupait depuis 1981 une partie des bâtiments de la caserne désaffectée, se dote également d’une extension moderne.  

 

Vous souhaitez en savoir plus ? Contacter le service des Archives communales : (archives@schaerbeek.irisnet.be)

 

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