Fixé à Schaerbeek, il est élu comme conseiller suppléant aux élections communales du 12 octobre 1952 sur la liste libérale. Il deviendra conseiller effectif le 13 septembre 1957. Il est à nouveau élu conseiller suppléant au scrutin du 12 octobre 1958, et effectif le 13 avril 1963. Il est réélu, toujours sur la liste libérale, comme conseiller le 11 octobre 1964. Cependant, lassé de se voir refuser un mandat d’échevin, il quitte le parti libéral pour rejoindre, lors des élections du 11 octobre 1970, les rangs du FDF. Il est nommé échevin le 8 janvier 1971 puis, dans la foulée, il obtient le siège de bourgmestre et est installé le 4 février 1971. Dans son discours d’installation, Roger Nols marque d’entrée de jeu la couleur de son mandat : son opposition au régionalisme et au fédéralisme, ainsi qu’au bilinguisme des administrations en région bruxelloise. Le pays est alors de plus en plus soumis aux querelles communautaires. C’est donc quelques années plus tard, en 1974, qu’éclate la fameuse « affaire des guichets » où Nols, appuyé par le Collège, décide de créer un guichet spécialement réservé aux habitants néerlandophones. Ceci afin de contourner la loi sur l’emploi des langues en matière administrative qui oblige les agents communaux bruxellois à pouvoir répondre aux citoyens aussi bien en français qu’en néerlandais (loi de 1963 qui créée la région bilingue de Bruxelles). La mesure défraie la chronique et les débats font rage. Des parlementaires néerlandophones (Volksunie au premier plan) s’insurgent et lâchent la formule d’apartheid linguistique. Cependant, d’autres communes bruxelloises prennent exemple sur Schaerbeek. Il faut attendre 1976 pour que la mesure des guichets séparés soit enfin déclarée officiellement illégale. Cet évènement a offert à Roger Nols une réputation nationale, bonne ou mauvaise selon les points de vues.
Nols est à nouveau élu en octobre 1976 et nommé bourgmestre le 10 janvier 1977. Après avoir combattu les Flamands, Nols se trouve un nouvel adversaire : l’immigration, lui qui avait pourtant créé l’un des premiers Conseil communal consultatif des immigrés en 1972. Depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, Bruxelles fait face à un phénomène de périurbanisation (les familles quittent la capitale pour s’installer en périphérie) et par conséquent à une chute démographique, notamment entre 1965 et 1995. Au même moment, de plus en plus de personnes d’origines étrangères s’installent à Bruxelles, attirées par les projets de grands travaux (métro, chemin de fer, etc.), alors que les mines et de grandes usines cessent leurs activités dans les autres régions. Dans les années 1970, le plus gros de l’immigration à dans la capitale provient d’Afrique du Nord et de Turquie et les chiffres de ce contingent ne fera qu’augmenter jusqu’à la fin de la carrière de bourgmestre de Nols en 1989. Cette population étrangère, pauvre, se mêle à la population belge déjà précarisée et investit notamment les quartiers du bas de Schaerbeek (quartier près de la gare du Nord). Les recettes de la commune baisse en raison des revenus modestes de ces nouveaux ménages (qui ne sont parfois pas imposables) et du départ des plus riches vers la banlieue bruxelloise. Comme pour d’autres commune de la région, Schaerbeek se retrouve dans une crise économique importante. C’est dans ce contexte que croissent facilement les idées xénophobes et la recherche de boucs-émissaires. Le discours politique se révèle vite sans filtre et sans contraintes, faute peut être d’encadrement juridique. Nols, fort de sa popularité déjà acquise lors de son premier mandat, n’a pas de scrupule à s’engouffrer dans la brèche et multiplie les déclarations polémiques. Ainsi, dans le Schaerbeek info n°6 du mois de septembre 1979, Nols lance un Appel aux immigrés (publié en français, néerlandais et arabe) suite à de nombreuses plaintes qu’il a reçues où des habitants se plaignent de l’insécurité qui règne dans certains quartiers. Afin de permettre une interprétation et une critique justes de ce texte, nous en donnons ici la retranscription intégrale :
« À l’époque où nous connaissions la prospérité et le plein emploi, le Gouvernement belge a fait appel à vous pour participer à l’activité économique du pays en assumant des tâches qu’hélas bien des travailleurs belges ne pouvaient ou ne voulaient plus assurer. Nous vous avons accueillis dans notre pays, dans les traditions séculaires qui sont les nôtres, et vous avez bénéficié de tous les avantages sociaux que les travailleurs belges ont conquis au cours des décennies écoulées. La commune de Schaerbeek est devenue pour vous, on ne sait au juste trop pourquoi, un point de ralliement et, en quelques années, vous y avez constitué une importante communauté qui représente désormais 1/3 de la population schaerbeekoise. Afin d’exercer vos libertés religieuses, vous avez aménagé ça et là des immeubles où vous exercez votre Culte. Nos écoles ont accueilli vos enfants auxquels nous dispensons un enseignement et une éducation qui devraient leur permettre de s’intégrer progressivement à notre population. Hélas, c’est par dizaines et par dizaines que des lettres, des pétitions, des coups de téléphone me parviennent de mes compatriotes schaerbeekois qui se plaignent d’un manque d’assimilation de votre part et qui exigent que des mesures soient prises. La presse tend d’autre part à mettre en exergue la participation de certains de vos enfants à des actions délinquantes de bandes organisées – tant de belges que d’étrangers – si bien que nos concitoyens ne se sentent plus en sécurité. Sans que vous en soyez directement responsables, il faut bien admettre aussi que vous avez engendré dans notre population un laisser-aller dans la propreté des rues. Il n’est pas rare de voir chaque matin des trottoirs jonchés de détritus et d’objets les plus divers. Habitant des logements souvent trop exigus pour l’importance de vos familles, vos enfants se défoulent tout naturellement dans les rues et sur les places publiques perturbant ainsi la tranquillité de la population. Bien qu’ils se défendent d’être racistes ou xénophobes, nos correspondants, qui sont aussi nos contribuables, comprennent mal, en cette période de crise économique, le maintien de votre présence parmi nous alors que d’autres pays confrontés aux mêmes problèmes, n’ont pas hésité à prendre des mesures de rapatriement. Aussi est-ce avec insistance que je vous demande, connaissant votre bon sens et votre désir de rester dans votre commune d’accueil, de prendre de toute urgence, les mesures qu’imposent la coexistence harmonieuse des communautés étrangères avec la population belge. C’est avec regret que je me suis vu contraint d’inviter les forces de police à prendre des mesures sévères qu’exige, hélas, la situation actuelle afin de restaurer la sécurité des habitants et la propreté de notre chère commune. J’ose croire que cet appel sera entendu. »
En réponse à ce texte, une carte blanche rédigée par Yvonne Somadossi, intitulée Lettre ouverte aux Schaerbeekois pas racistes ! Mais… paraît quelques jours plus tard dans le journal Le Soir. Cette publication vaut au quotidien de recevoir aussi bien des lettres de soutien à Nols qu’aux propos de Mlle Somadossi.