Parcours n°5 De la place Princesse Elisabeth au boulevard Lambermont

Que de merveilles dans ce quartier aéré et verdoyant! La promenade débute face à la très belle gare de Schaerbeek qui constitue le dernier repère monumental dans l'axe de la rue Royale qui débute au Palais de Justice puis longe le Parc Royal, le Botanique, l'Eglise Royale Sainte-Marie et l'Hôtel communal de Schaerbeek. L'architecte Frans Seulen y mélange avec brio les références renaissantes aux structures métalliques. Cette véritable cathédrale ferroviaire a été construite en deux temps : l'aile gauche et sa tour d'horloge en 1887 et la partie droite près de vingt cinq ans plus tard.

Dès 1903, le bourgmestre Huart Hamoir prend l'initiative de tracer une large avenue au départ de la gare de Schaerbeek. Un quartier résidentiel se développe rapidement. L'avenue Huart Hamoir, que vous remontez tout en admirant les arbres remarquables (ginkgo biloba), offre une belle alternance de maisons tantôt en briques tantôt en pierres, à l'exemple du n°29 élevé par A. Laenen. Au 17ème siècle, un château de plaisance s'élevait sur les plaines de Monplaisir. Prisé ensuite comme rendez-vous de chasse, le domaine accueillit une manufacture de porcelaines puis au 19ème siècle la première blanchisserie mécanique du pays pour faire place en 1906 à la création du quartier Monplaisir! Dessinée en 1912, la maison construite par Léon Delune au n°71 de l'avenue Huart Hamoir surprend le promeneur. L'architecte y dessine un oriel triangulaire qui se prolonge au-delà de la corniche. Quel surprenant édicule de couronnement percé de deux baies! A admirer aussi : le sgraffite qui orne le second étage.

Quelques pas dans l'avenue Sleeckx permettent de découvrir au n°103 un autre sgraffite attribué à Paul Cauchie. En traversant le square, profitez de la perspective donnant d'un côté sur l'église de la Sainte-Famille et de l'autre sur la gare.

Une belle pergola couronne le bâtiment d'angle au n°2 de l'avenue Maeterlinck. Cette élévation Art Déco datant de 1937 accueille actuellement l'école d'Arts SASASA.

Dès l'entre deux guerres, dans la partie Est se développe un quartier mixte d'habitations et de petites industries. En témoigne au n°136, cette ancienne chemiserie construite en 1921. Située en intérieur d'îlot, cette fabrique - a été convertie pour accueillir aujourd'hui le Hoger Instituut voor Gezinswetenschappen. Le temps qui passe, l'arbre généalogique, le couple ... voici quelques unes des thématiques représentées dans la fresque (Gérard Alsteens-Nora Theys) qui en anime remarquablement l'accès.

A deux pas de l'église de la Sainte Famille (Colles - 1937), marquant le passage vers l'ancien hameau de Helmet, se situe au n°38 la Villa Regina. Briques rouges, pignon, ferronneries et décors de faïence confèrent un cachet historique à cette maison bordant le square qui porte le nom du compositeur belge François Riga.

De l'autre côté du square le n°8 étonne par la monumentalité du dôme contrastant avec le petit clocheton qu'il supporte !

Au n°12, les sgraffites qui décorent cette demeure datant de 1923 (M. Delcuve) étonnent par leurs tons chauds. Des marronniers à fleurs blanches embellissent cette façade et viennent entourer, dans l'alcôve précédant l'entrée, un profil féminin.

Quelques pas dans l'avenue Demolder permettent d'observer la façade du n°152. Un homme et une femme alanguis encadrent la baie du second étage. Pourtant c'est la jolie porte d'entrée qui retient l'attention!

Premier lieu d'accueil, la porte d'une maison reçoit toutes les attentions. Ceci se vérifie tout particulièrement au n° 97 de l'avenue Emile Verhaeren : les visiteurs ne peuvent qu'être séduits par le soin apporté au travail de ferronnerie de la poignée et du judas. Un paon, symbole de beauté domine l'imposte de cette demeure portant la date de 1911 et formant avec ses voisines une belle enfilade. Ne manquez pas d'observer les motifs de marronniers déclinés abondamment sous la corniche du n°83.

Le n° 76 de l'avenue Sleeckx est un petit trésor d'équilibre. Les sgraffites rappellent une réalisation de la rue E. Laude, mentionnée dans le parcours du quartier de l'Hôtel communal. De part et d'autre du petit balcon supporté par la logette en bois, l'artiste Privat Livemont a peint, dans les tons verts, des profils féminins dont la chevelure est joliment retenue par une coiffe. En observant l'alignement des n° 34 à 44, on ne se doute pas qu'il est conçu par un même architecte. S'inspirant des styles classique, Renaissance ou Art Nouveau, François Hemelsoet y exprime toute la palette de son talent. De l'autre côté de la rue, les maisons portant les n° 73 et 71, autrefois jumelles, offrent quelques beaux sgraffites signés Paul Cauchie. Voisine, une jolie mosaïque marque la baie en anse de panier du n°69. La descente de l'avenue Sleeckx offre à nouveau d'intéressants alignements signés François Hemelsoet. Le n°80 laisse admirer une élégante porte d'entrée accompagnée de son décrottoir. Les n° 90 et 92, rehaussés de sgraffites, ainsi que les n° 94 et 96 dont les façades sont animées de jolies courbes Art Nouveau participent à cette harmonie. Cerise sur le gâteau : le bel exemple classique du n° 82.

En 1911, l'architecte Hubert Rasquin construit sa maison personnelle au n° 31, toute en briques jaunes. Il interprète le vocabulaire typique de l'Art Nouveau : auvent en pierre, fronton courbe, consoles décoratives soutenant la corniche et grande variété des baies. L'ensemble est égayé d'une riche polychromie propre aux oeuvres de Paul Cauchie. Avez-vous repéré le compas et l'équerre repris dans l'imposte ? Allégorie de l'architecture qui marque la maison de l'architecte !

Le boulevard Lambermont fut terminé en 1914. René Magritte y habita successivement au n° 207 puis au n°40. De belles maisons de maître aux n°88-86, 70 (F. Hemelsoet) et 68 témoignent d'une époque où la bourgeoisie de l'entre-deux-guerres souhaitait investir le long de cette artère.

Quelle belle élévation François Hemelsoet a réussie au n°9 de l'avenue A. Giraud! Ingéniosité des ouvertures, joli duo de couleurs jaune pâle et vert d'eau, qui souligne l'originalité des boiseries. A découvrir aussi les n° 11, 13 et 15 du même architecte, plus sobres mais formant une enfilade harmonieuse. Une ambiance tranquille émane du n°32 édifié par J. Coppieters en 1911. Blottie entre ses voisines, la maison doit son charme à ses boiseries vertes, ses baies à petits bois et ses vitraux floraux. Au n°38 de l'avenue Giraud, une élévation entièrement recouverte de briques blanches vernissées fait chanter la lumière (P. Collart, 1909). De fins bandeaux de briques vertes ainsi que des sgraffites floraux lui donnent même un petit côté champêtre! En 1912, l'artiste Paul Cauchie a rehaussé le décor d'un sgraffite. L'ambiance campagnarde se poursuit au n° 51 par un décor en carrelages mettant en valeur la polychromie d'un faisan.

Une incursion dans l'avenue E. Verhaeren permet d'admirer deux maisons de maître signées Léon Denis aux n° 18 et 20. L'une en pierre, l'autre en briques, elles fascinent par leur imposant décor, sculpté en 1913. Un papillon occupe le vitrail d'imposte du n° 37 de l'avenue E. Verhaeren tout à côté du carrefour formé par l'avenue A. Giraud. Profitez d'un intéressant point de vue sur la tour de l'Hôtel communal. L'atelier du talentueux affichiste Privat Livemont se situait autrefois au n° 93 de l'avenue A. Giraud (J. Diongre).

En direction du square Huart Hamoir, la promenade se clôture par un décor de feuilles de marronniers sculptées dans la pierre animant les façades monumentales des n° 90 et 92 de l'avenue A. Giraud. Elles sont signées en 1914 par Joseph Diongre. Ce dernier imprime à la façade voisine un motif de chardon qui foisonne au balcon et se retrouve en ferronnerie sur le grillage du vantail. Fleur à la symbolique multiple,  le chardon incarnerait peut-être la vertu protégée par ses piquants ? A méditer !