Parcours n°7 De la place Dailly au square Vergote

De la fontaine, au centre de la  place dédiée à l'ancien bourgmestre Eugène Dailly (1864-1873) s'écoule une eau qui semble nous conter l'histoire du site...  Le développement de la partie sud-est de Schærbeek est lié à la proximité de l'ancienne route de Louvain.  Pavée dès le 15ème siècle, elle conduisait au bois de Linthout.  A la hauteur de l'actuelle place Dailly se trouvait une barrière d'octroi, l'utilisation de cette large chaussée arborée étant jadis  soumise au péage.

Dès 1861, et durant un quart de siècle, le site fut occupé par  le Tir National au lieu dit Weyenveld.  En 1886, le Tir est déplacé au Kattepoel (l'actuelle RTBF/VRT) et est remplacé par cet imposant complexe d'inspiration néo-renaissance qui vous fait face, inauguré en 1894.  La caserne d'infanterie Prince Baudouin, longtemps occupée par les bureaux de la Défense Nationale, est aujourd'hui réaffectée aux commerces, bureaux et logements.

Le théâtre de la Balsamine occupe, dès 1980, une partie de la caserne située avenue Félix Marchal n°1. Une structure en bois, formant un mur aveugle surprend le promeneur.  Cette extension du théâtre, conçue par le bureau d'architecture Deleuze-Metzger & Associés, abrite la salle de répétition. Cette réalisation architecturale a reçu le 2ème prix à la Biennale Architecturale de Sao Paolo en 2003.
En face, au n°20, on peut admirer une belle façade de briques rouges.  L'originalité de ses ouvertures et les formes des arcs lui confèrent une finition que vient confirmer le travail des sgraffites et des ferronneries.

En prenant la rue du Radium, vous longez l'Institut Notre Dame de la Paix. La promenade à pied favorise la  découverte du petit patrimoine, comme cette boîte aux lettres au n° 8. La rue du Radium aboutit dans l'avenue du Diamant. L'architecte Marcel Kaal y a réalisé plusieurs maisons de briques sombres dont les n°14 et n°16.  Fronton courbe, cartouche reprenant  la date de construction de 1932, corne d'abondance et petit  singe sont autant de richesses décoratives. Les petites sonnettes en forme de tête de lion valent à elles seules le coup d'œil !

Quelques pas en arrière permettent d'atteindre la rue Victor Hugo.  Saviez-vous que l'écrivain français vécut à Bruxelles durant son exil de 1851 à 1870 ?  « Sois économe », « Sois propre », « Sois actif »...sont les devises inscrites sur l'une des façades faisant partie de l'ensemble d'habitations sociales conçues au début du  XXe siècle à la demande du Foyer Schaerbeekois.  Henri Jacobs, architecte également réputé pour la construction de bâtiments scolaires, y a réalisé  en 1904 des immeubles à appartements d'inspiration Art Nouveau (du n°53 au n° 61).

L'avenue Léon Mahillon propose une élégante enfilade d'habitations du n° 44 au 56 : un même plan de bâti, depuis les gratte pieds jusqu'aux jolis pignons en escalier ! Les quatre maisons, du n° 118 au n°124 de l'avenue Félix Marchal, séduisent par leur belle animation chromatique, la brique émaillée blanche intégrant en alternance des bandeaux de céramiques bleus et roses signées par la Maison Hasselt.  A remarquer : le travail des boiseries des portes d'entrée !

Une jolie vue s'offre à vous  au bout de la rue.  Intrigante, cette tour appartenant à l'église Saint-Albert (E. Serneels 1930) se décroche en arrière plan du square qui vous fait face.  Un petit arrêt s'impose devant la porte d'entrée tout en arabesques du n°77 de l'avenue Emile Max. Celle-ci offre d'autres réalisations intéressantes, telles les maisons jumelles des n° 71 et 69, face à l'hôtel de maître du n°50 couronné par un amusant oculus un peu perdu dans cet abondant décor sculpté. Un visage féminin coiffé de guirlandes de roses décore le tympan sculpté de l'hôtel de maître au n°66. Une inscription sur la maison voisine rappelle qu'elle fut habitée par Hubert Krains (1862-1934), écrivain hesbignon, ardent défenseur de la culture française.

A l'angle de l'avenue E. Max et de la rue V. Hugo, l'immeuble édifié en 1911 sur les plans de l'architecte O. De Paepe se déploie majestueusement.  L'architecte habille d'Art Nouveau une élégante structure éclectique. La partie haute de cette façade est occupée par un large sgraffite polychrome au décor floral stylisé entourant un visage féminin.
Par tous les temps, la sculpture dédiée aux « Joies du Printemps » d'Eugène Canneel apporte gaieté et fraîcheur au Square des Griottiers, baptisé ainsi depuis 1992 par la confrérie de  l'Ordre de la Griotte.

Des cygnes immergés dans un décor de céramiques au n°107 de l'avenue Milcamps forment un arrière-plan bucolique.  Quelques maisons plus loin, un autre décor de carrelages à la thématique florale anime joyeusement la façade. Quelle belle poignée de porte au n°107 de la rue Rasson ! Le couronnement de la maison vaut aussi le coup d'œil. A deux pas, un envol d'oiseaux sculpté dans la pierre au n° 11 de l'avenue E. Plasky, confère à cette demeure charme et poésie. 

Un agréable petit parc permet de profiter de la vue qui s'ouvre sur les beaux  hôtels de maître de la place Jamblinne de Meux, construite en 1906.  Théophile de Jamblinne de Meux, ingénieur de formation, participa à l'embellissement du quartier nord-est.  La place, rénovée en 1994, intègre depuis avec bonheur une fontaine due au sculpteur espagnol Miguel Navarro, la « Boca de Luna ».   Il s'agit d'une oeuvre monumentale composée de deux parties : une stèle en acier laqué de couleur rouille d'où l'eau s'écoule vers un petit bassin circulaire et un second, carré, d'où surgit une sculpture en laiton.

Levons le voile sur le nom de ce quartier : Linthout « bois de tilleuls ».  Ce bois faisait jadis partie de la forêt de Soignes.  Le plateau fut rendu célèbre par les carrières de pierres et de grès qui servirent notamment à la construction de la cathédrale Saint-Michel. 

 « Les Pavillons français » situés au n°282 de la rue du Noyer et aujourd'hui classés comptent parmi les premiers immeubles à appartements de grand standing élevés à Bruxelles. En 1930, le financier Lucien Kaisin demande à l'architecte Marcel Peeters de construire un complexe d'appartements de luxe s'élevant sur 14 étages. L'ensemble comportait 82 appartements, un restaurant, une buanderie, des salons de réception, des aires de jeu...  La plus ancienne construction bordant la place de Jamblinne de Meux est la chapelle de l'institut de la Vierge Fidèle située au n°14 et datant de 1897. Accentuant encore la diversité architecturale du quartier, voici à l'intersection avec l'avenue de l'Opale un bel immeuble à appartements Art Déco signé H. Deroy.

La rue de l'Opale fait partie du quartier des pierres précieuses: Diamant, Topaze, Saphir ou Emeraude.  Il fut aménagé dans les années 1910 entre la chaussée de Louvain, l'avenue de Roodebeek et le boulevard Reyers. Le dernier tronçon de l'avenue Victor Hugo rejoint l'avenue de Roodebeek.  Vous voici face à l'Athénée Fernand Blum. Quelques années après  la construction du Palais scolaire Josaphat,  Henri Jacobs a signé,  les écoles primaires n° 11 et n°13 dans le quartier de Linthout, alors en pleine expansion.  Ces deux étroites façades, largement séparées l'une de l'autre, donnent accès à un important complexe de bâtiments en intérieur d'îlot bénéficiant désormais d'un classement. H. Jacobs fait appel une nouvelle fois à l'artiste Privat Livemont qui orne de peintures éducatives l'école des jeunes filles alors qu'il confie à M. Langaskens la réalisation de celles du préau de l'école des garçons.  Un « S » est dessiné dans la clé du portail en plein cintre juste en dessous du décor de feuillage et de guirlandes, l'initiale de la commune de Schaerbeek appelée aussi « cité des écoles » !

Un petit coin inattendu de Schaerbeek vous attend à  hauteur du n°119 de l'avenue de Roodebeek. La cité de Linthout, réalisée vers 1870,  se développe en intérieur d'îlot. Des vingt-quatre  pavillons qu'elle comptait à l'origine, il n'en subsiste que six.  Une voie aménagée entre des immeubles d'appartements érigés dans les années 1930 donne accès à ce petit groupe de maisonnettes dans un cadre pittoresque et verdoyant. Vous pouvez l'emprunter à la hauteur du n°84 de la rue Général Gratry. L'austérité des volumes du batiment situé à l'angle de la  rue Général Gratry (n°122), est compensée par des jeux de décrochements de briques.  Cette  réalisation de Pierre Meeuwis date de 1927. 

Le parcours se clôture en beauté à hauteur du square Vergote, créé dans le cadre de l'aménagement du boulevard de ceinture.  Parmi les beaux immeubles aux allures traditionnelles et aux références historicistes, la Maison  Fournier au n°45 impose un style différent. En 1922, l'architecte A. Nyst pare cette façade de mosaïques noires et or qui illuminent cette habitation classée d'une belle verticalité. Dédié à Auguste Frédéric Vergote, ancien  gouverneur du Brabant, ce square magnifiquement préservé se révèle un havre de paix et d'élégance.