Une archive à la loupe
Ce 14 octobre, les électeurs seront appelés aux urnes pour élire leurs représentants communaux. Dans ce cadre, nous vous présentons un aperçu des campagnes pour les élections communales de 1911, 1932 et 1938, qui se sont déroulées à Schaerbeek …
L’affiche, le média de prédilection de l’époque
Jusqu’à un passé récent et en l’absence de médias audiovisuels, les débats entre concurrents politiques se déroulaient dans la rue, par affiches interposées. Un exemplaire de chaque affiche était déposé à l’administration communale, qui gérait l’affichage sur la voie publique.
Aujourd’hui encore, le service des Archives de Schaerbeek conserve une belle série d’affiches, tous partis confondus, pour les années 1911, 1932 et 1938. Nous vous en dévoilons quelques exemples représentatifs…
La scène politique schaerbeekoise au XIXe siècle
C’est en octobre 1830 qu’est élu pour la première fois le conseil communal de Schaerbeek. Le vote est alors « censitaire », c’est-à-dire réservé aux hommes qui paient un certain montant d’impôts.
Durant la seconde moitié du XIXe siècle, alors que Schaerbeek est en pleine expansion, sa gestion devient un terrain propice aux luttes partisanes. Le parti libéral mène longtemps la danse face aux catholiques.
L’élargissement du droit de vote
La loi de 1883 instaure le vote « capacitaire », c’est-à-dire que des hommes qui exercent certaines fonctions à responsabilité ou qui réussissent un examen électoral peuvent aussi accéder au vote et se présenter sur les listes. Des candidats issus de la classe ouvrière font alors leurs débuts politiques.
En 1887, la ligue ouvrière de Schaerbeek s’associe au parti libéral et au parti socialiste. Les anticléricaux deviennent alors majoritaires. Cependant, des dissensions existent malgré tout entre libéraux conservateurs et libéraux progressistes, ce qui reflète le contexte politique déjà tendu au niveau national, avec, en toile de fond, la guerre scolaire.
Élections de 1911
Après une parenthèse de pouvoir catholique (de 1896 à 1903), les libéraux et les socialistes s’associent à nouveau et regagnent le maïorat. Cette alliance anticléricale se maintiendra jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale .
L’affaire Van den Putte
En 1908, éclate l’affaire Van den Putte, du nom de l’échevin des Travaux qui avait été accusé de corruption et de concussion (détournement de biens publics). Le parti catholique rappelle cet épisode lors de sa campagne électorale de 1911 pour jeter le discrédit sur la majorité en place. Le cartel libéral-socialiste ne manque pas de répliquer .
L’incendie criminel de l’hôtel communal
En 1911, un autre évènement majeur vient s’installer à la table des débats politiques schaerbeekois : l’incendie criminel de l’hôtel communal qui eut lieu dans la nuit du 17 au 18 avril. Les uns et les autres s’accusent d’avoir été aux commandes du forfait commis.
Dans une de ses affiches, le cartel libéral-socialiste évoque les incendies de Saint-Génois (près de Courtrai), qui eurent lieu en 1868. Les élus de cette commune se disputaient alors avec l’évêque de Bruges, qui refusait de consacrer le nouveau cimetière communal car la fabrique d’église n’en était pas la propriétaire. Les prières étaient donc interdites lors des enterrements. Suivirent des incendies de meules de foin et de granges appartenant à des administrateurs de cette commune. Plusieurs personnes furent condamnées et ne cachèrent pas les motifs religieux qui les poussèrent à l’acte.
Louis Bertrand, échevin des Finances, sous le feu des critiques
Les finances communales sont également un sujet de prédilection pour la minorité catholique. En effet, les conseillers cléricaux critiquent la gestion menée par Louis Bertrand, l’échevin des Finances de l’époque.
On retrouve également dans plusieurs affiches du parti catholique une mise en garde adressée aux libéraux contre les agissements et les idées de leurs associés socialistes.
Élections de 1932
En 1919, le suffrage devient universel pour les hommes. En 1921, les femmes obtiennent aussi bien le droit de voter que de se présenter aux élections communales. A la suite des élections de 1921, les deux premières femmes élues conseillères communales à Schaerbeek sont Clémence Pilgrims-Dailly et Éloïse Decremer-Macquoi.
Dans l’entre-deux-guerres, la liste catholique schaerbeekoise récolte à chaque élection communale près d’un tiers des suffrages mais les partis laïques poursuivent leur politique de barrage.
Lors de la campagne électorale de 1932, les sujets de débats et de reproches restent sensiblement les mêmes qu’en 1911 : l’école publique, le travail, les finances, les taxes…
Élections de 1938
En 1938, l’arrivée de Rex sur la scène politique communale donne un ennemi commun aux partis traditionnels. Ce parti d’extrême droite, nationaliste et fachiste, a été fondé par Léon Degrelle, en 1930. Degrelle donne plusieurs meetings politiques au Palais des sports de Schaerbeek. La montée du nazisme devient un sujet d’inquiétude pour plusieurs partis. Le spectre de la guerre se rapproche.
À Schaerbeek, le parti catholique perd des voix au profit de Rex. Ce dernier obtient cinq sièges au conseil communal à la suite des élections de 1938, mais est rejeté dans l’opposition par l’alliance socio-libérale conduite par Fernand Blum.
Souvent très directes et parfois moqueuses voire mordantes, les affiches électorales du début du XXe siècle ont toujours le don de faire sourire, même un siècle après !
Vous souhaitez en savoir plus ? Contacter le service des Archives communales : archives@schaerbeek.irisnet.be
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Galeries : affiches électorales 1911 - 1932 -1938
