Une archive à la loupe
À partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, on se préoccupe de plus en plus de l’éducation physique et de celle des jeunes gens en particulier. Partout en Europe, des associations sportives voient le jour et prônent la « santé par l’exercice ». La Fédération belge de Gymnastique est fondée en 1865 avec pour but de propager la pratique de la gymnastique. Elle patronne également des sociétés plus locales. C’est le cas pour Schaerbeek.
La création
La Société de Gymnastique de Schaerbeek est créée en avril 1873. C’est la première du genre dans l’agglomération bruxelloise. Parmi ses fondateurs, on trouve Albert Cuelens, échevin, et Constantin Jénatzy, futur conseiller communal et père de Camille Jénatzy (célèbre pilote automobile qui fut le premier à dépasser les 100km/h). Très rapidement, la société compte plus d’une centaine d’adhérents.
Les premiers locaux
Le premier local utilisé par la Société est une dépendance du Pré catalan, un théâtre-guinguette situé au bout de la rue de Cologne.
Ensuite, l’administration communale, soucieuse de favoriser l’éducation physique, met à disposition l’ancienne église Saint-Servais (rue Teniers), alors désacralisée. La nef sert aux exercices de boxe et aux passes d’armes, les bas-côtés sont réservés aux engins d’exercices (espaliers, barres, cordes, poids, etc.). Des vestiaires et des douches sont installés dans l’entrée.
Le gymnase modèle
En 1891, les autorités schaerbeekoises décident d’installer la nouvelle école de dessin dans la vieille église, obligeant la Société à déménager provisoirement vers l’école moyenne des garçons (chaussée de Haecht).
Au début du XXe siècle, les travaux de la nouvelle école n°1 (rue Josaphat) débutent. La construction d’un grand gymnase est prévue à l’usage, entre autres, de la Société. Une grande fête d’inauguration de ce gymnase est célébrée le 12 octobre 1907 avec au programme diverses démonstrations d’exercices et de joutes.
Organisation
Dans les premiers temps de son existence, la Société a du mal à payer des professeurs et compte sur des cours donnés par des bénévoles.
Cependant, la Société arrive, petit à petit, à recruter des professeurs de qualité. Un cours gratuit pour garçons est mis en place. Un cours d’armes est organisé à partir de 1875 et un cours de gymnastique pour jeunes filles est organisé à partir de 1877. En 1908, la Société engage un professeur de natation qui peut donner ses cours dans le bassin attenant au gymnase de l’école n°1. À la fin des années 1920, le handball s’invite parmi les quelques sports pratiqués à la Société.
Ainsi, des milliers de jeunes schaerbeekois peuvent profiter d’un enseignement de qualité. Un bulletin mensuel est aussi édité dès la fondation de la Société afin de promouvoir encore plus les bienfaits du sport.
La méthode Happel
A la fin du XIXe siècle, l’enseignement de la gymnastique en Belgique est fortement influencé par des théoriciens allemands, dont Jacob Happel qui publie plusieurs manuels de gymnastique. Selon cette méthode, chaque série d’exercice est prévue pour « exercer le corps intégralement, en faisant mouvoir tous les membres sexlatéralement (sic), c’est-à-dire dans toutes les directions et proportionnellement en exerçant chaque membre un nombre égal de fois, tout en neutralisant l’influence pernicieuse résultant des mauvaises attitudes que l’homme contracte pendant ses occupations journalières ». C’est cette méthode qui est prodiguée par la Société de Gymnastique à Schaerbeek.
Exercices en plein air
Régulièrement, la Société de Gymnastique participe aux fêtes communales, l’occasion pour ses membres de montrer au public ce qu’on leur a appris. Le parc Josaphat, et ses larges espaces ouverts, est le lieu idéal pour ces manifestations.
Le 26 juillet 1914, la plaine des sports, située au nord du parc Josaphat, est inaugurée en grande pompe et des démonstrations sportives ont lieu. La Société de Gymnastique a été une des chevilles ouvrières de ce projet qui voit le jour à la veille de la Première guerre mondiale.
En 1922, la Société reçoit l’autorisation d’effectuer des exercices sur la pelouse de l’avenue Louis Bertrand, en face du Palais des sports.
Galas et soupers de charité
La Société de Gymnastique a pris aussi une part importante dans la vie associative schaerbeekoise en organisant, plusieurs fois par an, des fêtes de gymnastique au profit des Hospices, du Bureau de Bienfaisance ou encore d’œuvres scolaires schaerbeekoises. Ces soirées caritatives sont également l’occasion de faire la démonstration des enseignements dispensés et, par là, d’engranger de nouveaux membres. Ainsi tout le monde y trouve son compte.