Une archive à la loupe
Dans le hall des Bourgmestres, au premier étage de l’Hôtel communal, les visiteurs peuvent admirer un charmant groupe sculpté en bronze intitulé Le lien d’amour. Cette œuvre, due au statuaire Édouard Fiers, a une histoire un peu particulière.
Un mot sur le sculpteur
Né en 1822, Édouard Fiers commence ses études à l’Académie d’Ypres, sa ville natale. Il poursuit ensuite son apprentissage à l’Académie de Bruxelles ainsi qu’auprès des sculpteurs Louis Jéhotte, Guillaume Geefs et Eugène Simonis.
Il réalise des bustes, des monuments funéraires et des monuments publics dont le plus marquant est sans doute la fontaine rendant hommage à Charles de Brouckère, érigée en 1866 à la Porte de Namur. Installé à Schaerbeek, Fiers habite chaussée de Haecht n°276 et a son atelier rue Creuse.
Il meurt dans la commune en 1894. Pour lui rendre hommage, une rue proche du parc Josaphat porte son nom.
L’artiste offre son œuvre, sous condition
Peu avant sa mort, en 1893, Édouard Fiers lègue son groupe sculpté Le lien d’amour à la commune. Cette œuvre représente la déesse Vénus et son fils Cupidon, tous deux reliés par une guirlande de fleurs, qui symbolise leur affection réciproque.
Édouard Fiers, dans une lettre datée du 16 octobre 1893, pose une condition à ce don : la statue devra être placée et rester au centre de la salle des Mariages et du Conseil. Les autorités communales de l’époque acceptent cette exigence.
Sauvée de l’incendie
En 1911, un incendie criminel ravage l’Hôtel communal. La salle des Mariages et du Conseil est complètement détruite, le plancher s’effondre entrainant avec lui les œuvres qui ornaient la salle. Le tout atterrit un étage plus bas.
Le lien d’amour est gravement endommagé, notamment par sa chute. Cependant, la statue est immédiatement restaurée par le sculpteur Albert Desenfans, et nul ne peut deviner aujourd’hui en la contemplant sa mésaventure.
Un nouvel emplacement
À la suite de l’incendie et pour des raisons pratiques, la salle des Mariages et du Conseil est entièrement vidée des œuvres d’art qui l’ornaient. Le lien d’amour est alors placé en haut de l’escalier d’honneur, en remplacement du groupe sculpté commémorant la prise de Bude par les Hongrois de Geörgy Zala qui, lui, a été entièrement détruit dans l’incendie.
Il est fort probable qu’Édouard Fiers aurait approuvé le choix du nouvel emplacement. Un plus grand nombre de personnes peut admirer son œuvre.
Retranscription de la lettre d’Édouard Fiers
Schaerbeek, le 16 octobre 1893
Monsieur Alexandre Markelbach, Président de la Commission administrative du Musée communal de Schaerbeek,
Voulant encourager l’idée de la création d’un Musée communal, dont m’a parlé Monsieur Jacquin, et ainsi que je lui ai promis, j’ai l’avantage de vous faire connaître, que je tiens mon groupe en bronze « Le lien d’amour » à la disposition de la Commission organisatrice.
Je mets à mon don la condition suivante :
Je désire que mon œuvre soit placée et reste placée, au centre de la grande salle du premier étage (salle des Mariages) de l’Hôtel communal de Schaerbeek, faute de quoi, mes héritiers ou mes ayants droits seraient en droit de reprendre ladite œuvre.
Vous voudrez bien me faire connaître s’il sera satisfait à mon désir.
Dans l’attente de vos nouvelles, croyez, Monsieur Markelbach, à mes meilleurs sentiments confraternels.
E. Fiers
En complément, n’hésitez pas à lire l’archive à la loupe Hôtel communal : des œuvres d’art sauvées in extremis des flammes.
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Contacter le service des Archives communales : 02/244 75 32 – archives@schaerbeek.irisnet.be
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